Nous avons appris très récemment, ‑et avec plusieurs mois de retard‑, le décès de notre ancien collègue du Centre d’Energétique et Procédés (CEP), Ari Rabl. C’est peu dire que ceux qui l’ont connu et ont eu l’occasion de collaborer avec lui, ont été bouleversés par cette nouvelle.
Après sa thèse de physique et électro-magnétisme à Berkeley, Ari Rabl a été pionnier dans les domaines de l'énergie solaire et des économies d'énergie dans les bâtiments. Il a notamment travaillé, dès les années 70, sur de nouveaux types de capteurs solaires à concentration[1] et a d’ailleurs publié un article[2] sur les limites théoriques des systèmes optiques de concentration qui fait toujours référence, plus de 40 ans après. Par la suite, il s’est intéressé à la conception et à l’audit des bâtiments sur le plan énergétique[3]. Il a poursuivi sa carrière comme enseignant-chercheur au Center for Energy and Environmental Studies (actuellement le Princeton Environment Institute) à l’université de Princeton (USA) et ensuite à partir de 1988 au CEP à l’Ecole des mines de Paris jusqu’à sa retraite en 2007.
Ensuite, Ari Rabl a continué comme consultant dans le domaine environmental se concentrant parmi d’autres sujets sur l’épidémiologie environnementale (il était un membre de l’ Int’l Society of Environmental Epidemiology et de la Society for Risk Analysis). Il intervenait comme expert consultant pour l’Agence Internationale de l’Energie Atomique à Vienne, la Banque Mondiale et la branche Toyota Motor d’Amérique du Nord (situés à Washington, DC, USA), l’Institut Véolia Environnement à Paris et enfin à l’université de Hong Kong.
Depuis près de 25 ans, il se consacrait à l'étude des chaînes d'impacts environnementaux : émission de polluants, dispersion dans l’atmosphère, inhalation par les populations exposées et risques sanitaires. Ces travaux ont été appliqués, par exemple, dans le cadre du projet européen ExternE afin d'évaluer les coûts environnementaux induits par diverses activités humaines dans les secteurs des transports, de la gestion des déchets et de l'énergie. Ari Rabl avait pu concrétiser ses derniers travaux, avec la réalisation d'un ouvrage de référence sur la question sensible du prix à payer pour la qualité de l'air, ouvrage écrit en collaboration avec J. Spadaro et M. Holland[4] paru aux Presses de Cambridge en 2014. Ari Rabl était aussi l’éditeur associé du Journal of Solar Energy Engineering ASME et de celui de Solar Energy, et également membre du comité éditorial de la revue Pollution Atmosphérique[5].
Son parcours scientifique international est exceptionnel, comme en attestent ses publications et ses collaborations, à l’occasion de ses engagements successifs : Berkeley (USA), l’institut Weizman (Israël), les Universités de l’Ohio et de Chicago (USA), le National Renewable Laboratory (NREL), l’Université de Princeton (USA) ou encore l’Université du Colorado (USA). Les travaux d’Ari Rabl ont été plusieurs fois distingués, notamment avec le prix décerné en 1998 par l’ISWA (International Solid Waste Association) pour ceux relatifs à la qualité de l’air et l’incinération[6]. En 2008, il a reçu le prix Frank Kreith de l’American Society of Mechanical Engineers. Ari Rabl avait deposé plusieurs brevets sur les systèmes solaires.
Ari Rabl avait pris officiellement sa retraite en 2007, après une dizaine d’années en tant qu’enseignant chercheur au Centre Energétique et Procédés à l’Ecole des Mines de Paris. Mais il était resté extrêmement actif sur le plan scientifique, contribuant encore à de nombreux projets et poursuivant la dissémination de ses travaux. Il donnait des cours dans les différentes formations de MINES ParisTech sur les externalités dans le domaine de l'énergie.
Doté d’une culture scientifique très large, aussi à l’aise dans les applications que dans les travaux théoriques, il a su pratiquer une interdisciplinarité féconde et rigoureuse, permettant une véritable fertilisation croisée entre champs parfois très éloignés, laissant une empreinte marquante sur un grand nombre de sujets. Travailleur infatigable, curiosité toujours en éveil, Ari Rabl était aussi un homme d’une grande discrétion, soucieux de mettre en valeur les chercheurs plus jeunes avec qui il collaborait.
http://arirabl.org/untitled-2/rabl-cvlong-2.pdf
[1] A. Rabl. 1985. Active Solar Collectors and Their Applications. 503 p. Oxford University Press, New York. 1985.
[2] A. Rabl. 1976. Comparison of Solar Concentrators. Solar Energy 18 (2): 93–111.
[3] J.F. Kreider and A. Rabl. 1994. Heating and Cooling of Buildings: Design for Efficiency. 890 p. McGraw-Hill, New York, 1994. (Revised 2nd edition, J.F. Kreider, P.S. Curtiss and A. Rabl. 843 p. CRC Press, Boca Raton, FL. 2010).
[4] A. Rabl, J. V. Spadaro and M. Holland. 2014. How Much is Clean Air Worth? Calculating the Benefits of Pollution Control. 671 p. Cambridge University Press, July 2014.
[5] A Rabl. 2001. Combien vaut l’air propre? How much is clean air worth? Numéro special bilingue de la revue Pollution Atmosphérique, A Rabl, guest editor. 184 p. Paris. Dec. 2001.
[6] Rabl, A., Spadaro, J.V. and McGavran, P.D. 1998. Health Risks of Air Pollution from Incinerators: A Perspective. Waste Management & Research, 16 (4):365-388. Un article que l’on retrouve en version française dans la revue Déchets Sciences et Techniques (printemps 1998) et une version espagnole dans la revue Residuos (Vols. 59-61, March-August 2001).
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